Camille, née à Béziers, était journaliste. Après l’accident de tracteur de son père, elle décide de rejoindre sa mère pour s’occuper du domaine familial. C’est ainsi qu’a débutée son aventure vigneronne.
Ses parents, Cathy et Jean-François, enfants du pays, souhaitaient s’installer dans la région avec le désir de travailler la terre. Lors de la création de leur projet viticole, ils décidèrent de nommer leur domaine « Borie la Vitarèle ». La Vitarèle est le nom du lieu-dit. Quant à « Borie », cela peut signifier une maison de vigne, comme une capitelle, ce genre de petites constructions en pierres sèches que l’on peut trouver dans les champs.
La famille Izarn a toujours eu une grande sensibilité pour l’environnement. À tel point que le vignoble est labellisé en Bio depuis 1998 ! C’était une démarche naturelle que de ne pas appliquer de produits chimiques dans un métier qui dépend de la nature.
Le rêve viticole de Borie la Vitarèle s’est construit au fur et à mesure et continue son chemin pas à pas, projet par projet. Camille ne regrette pas son choix d’avoir quitté le journalisme (métier qui lui tenait à cœur) pour s’allier à sa mère et perpétuer l’entreprise familiale.
Quels sont les changements constatés sur vos terres et vos vins depuis votre passage au bio ?
« Mon père était un pionnier de la culture bio. Au début, personne n’y croyait… Cette vision-là était très marginale dans le milieu de l’agriculture. Pour ma part, j’ai eu la chance de reprendre ce domaine qui est aujourd’hui en bio depuis plus de 20 ans. C’est super ! On a des sols qui sont vivants. Des vins qui reflètent vraiment le terroir. Les résultats sont visibles. Et on continue de travailler en biodynamie. On a toujours plus ou moins travaillé en Demeter sans avoir cherché jusque-là le label, car les gens d’ici nous connaissent et savent comment on travaille. »
Avez-vous envie de pousser plus loin votre démarche en faveur de l’environnement ? Si oui, comment ?
« On agit à notre échelle, on a posé plusieurs abris à chauve-souris il y a deux ans pour qu’elles se nourrissent des papillons qui apportent les vers de la grappe. Et plus largement, on essaye quand c’est possible de trouver des méthodes de prédation naturelle comme alternative aux produits phytosanitaires par exemple. On a également une bergère itinérante qui vient pendant trois mois avec ses moutons, ça nous permet d’entretenir les parcelles pendant l’hiver. Les plantes que l’on utilise dans nos tisanes pour les vignes, on les cultive également. On essaye de rester fidèle au « sens paysan » en étant indépendant et en achetant le moins possible. »
Quel est votre cépage favori ?
« Ca dépend des années. Mais je dirai plutôt le grenache. J’ai toujours entendu que c’était un « cépage de riche » car il est très compliqué à cultiver. Notamment à cause du phénomène de coulure, qui arrive plus sur certains cépages que d’autres. S’il y a de mauvaises conditions météorologiques pendant la floraison, les fleurs avortent et par conséquent, il n’y a pas de raisins. Il faut déjà arriver à vendanger son grenache. Ensuite, il faut réussir à le vinifier. »
Concernant votre travail, avez-vous une période préférée dans l’année ?
« Je préfère très clairement les vendanges. C’est l’aboutissement. On a métier cyclique car on travaille avec la nature. On fait tout le temps la même chose mais comme la météo n’est jamais la même, c’est toujours nouveau. On ne s’ennuie pas.
Quand on arrive aux vendanges, on est heureux, la pression de l’année qui vient de s’écouler retombe, on peut commencer à vinifier et surtout, on va pouvoir découvrir le millésime. Il y a aussi une super ambiance. »
Et pour l’avenir, qu’envisagez-vous pour votre domaine, vos cuvées… Quels sont vos objectifs ?
« On est en train de finir la construction d’un nouveau chai pour avoir une meilleure conservation de nos vins. On souhaite aussi faire une « vinothèque », pour mettre en valeur nos vieux millésimes. »
Avez-vous une référence culturelle favorite concernant le vin ?
« Il y a une BD que j’avais bien aimé. Ca s’appelle « Les Ignorants ». Ca se présente comme un livre qui se penche sur l’agriculture durable. Il y a un côté amusant, c’était très bien fait. »
Avez-vous un accord met et vin, avec l’une de vos cuvées, à nous conseiller ?
« Avec les poissons, les ceviches ! C’est super simple à faire. 15 minutes. On va chercher son poisson. Plutôt un poisson blanc, comme la dorade. Avec des agrumes ! Je mets un peu de pamplemousse, orange, citron vert, pressé. On met les morceaux de dorade dedans, un peu d’huile, un peu de sel et on laisse au réfrigérateur. Ensuite avec un autre pamplemousse et une autre orange, on coupe des petits quartiers fins, ainsi qu’un oignon rouge.
Le tout servi avec notre Grand Mayol, qui est un blanc racé et minéral. »