Aujourd’hui, le domaine Les Eminades nous accueille pour répondre à nos questions :
Luc & Patricia Bettoni se sont rencontrés lorsqu’ils étaient à l’université. Elle en pharmacie, lui en étude d’œnologie.
Vers la fin des années 90′, après sa formation, Luc Bettoni a été employé pendant trois ans au Château Bouscassé Montus. « J’ai beaucoup appris auprès de mon employeur, j’ai su écouter ce qu’il m’enseignait et c’est une chance. Mais on entendait parler du Languedoc qui montait en puissance dans le domaine. »
C’est en 2002 que le couple arrive dans la région et commence l’acquisition de vignes et de terroirs auprès de 10 personnes différentes. « On n’avait pas d’argent, ça a pris beaucoup de temps. Mais on a trouvé de très beaux terroirs ici, et c’est important pour moi. On a essayé de mettre la main sur des vieilles vignes. De vieux carignan qui ont plus de 100 ans, de vieux cinsault qui ont plus de 60 ans, de vieux grenache… A l’époque c’était des vignes qui étaient multipliées et greffées avec des bois d’autres vignes. Donc c’était fait et sélectionné dans les règles de l’art.
Ces vieilles vignes ont un potentiel supérieur de par leur sélection. Nous, ce qui nous intéresse, c’est faire de la qualité. De plus, on tient compte de l’altitude, des sols, de la géologie… tout ce qui fait le terroir. Il faut une adéquation terroir / cépage, c’est très important. Pour magnifier le produit et avoir un vin de qualité. C’est notre axe de prédilection. »
Le Domaine Les Eminades tire son nom d’un lieudit, d’une colline de la région. « Du vignoble qu’on possède sur cette colline, on a une vue sur les montagnes incroyable. »
« J’avais un vieux tracteur sans cabine. En rentrant chez moi, le soir, je saignais du nez, je n’étais vraiment pas bien. Et tu le sens instinctivement, que tu passes des produits nocifs. Tu répands la mort. Après tes raisins sont propres, ça c’est sûr. » Ainsi, dès 2003, les Eminades font le choix de ne faire que des traitements biologiques. Le label est officialisé en 2008. Après avoir rencontré des vignerons pratiquant la biodynamie et constatant l’excellente saveur de leurs vins, l’entreprise choisit de se lancer à la poursuite de label Demeter, qu’elle obtient en 2018.
Quels sont les changements constatés sur vos terres et vos vins depuis votre passage au bio ?
« Premier changement : on a de l’acidité dans les vins. Ca permet d’équilibrer naturellement lors de la vinification. Il faut jouer sur l’alcool, les tannins, la structure et l’acidité. Et l’acidité va donner de la fraîcheur. Tu vas pouvoir avoir un vin à 14% mais tu ne sentiras pas l’alcool. Tellement il y a un bel équilibre. Et avec la biodynamie, c’est autre chose… Tu sens le sol, incroyable. Tu vas avoir le schiste, par exemple, qui s’exprime dans le vin. »
Avez-vous envie de pousser plus loin votre démarche en faveur de l’environnement ? Si oui, comment ?
« On est déjà en Demeter pour nos vignes. Mais on est à fond, et on fait attention à l’écologie autrement. Il y a ce vieux carignan que l’on possède, non loin d’un autre domaine et généralement, en décembre, ils mettent leurs moutons pour désherber. On a essayé la traction animale aussi, avec un cheval. On pourrait mettre des ruches…mais avec les vignerons qui utilisent des insecticides à côté, les abeilles ne tiennent pas le coup. Je vois la nature mourir à petit feu. C’est une catastrophe et tout le monde s’en moque. »
Quel est votre cépage favori ?
« Alors répondre à ça, c’est compliqué. Je crois que j’aime tous les cépages de l’appellation… Chaque année, les conditions météorologiques sont différentes, il y a toujours un cépage qui s’exprimera mieux que les autres. Et ce n’est jamais le même. Après, il y a un cépage qui me fascine beaucoup. Le grenache. Pourquoi ? Si tu le réussis le grenache, il est bon naturellement et s’il est bien équilibré, c’est fantastique. Mais c’est un cépage difficile. Et les ceps en eux-mêmes, les vieux grenaches, ils sont sculptés, ils sont magnifiques à voir. »
Concernant votre travail, avez-vous une période préférée dans l’année ?
« C’est peut-être l’hiver. La taille est faite, tout est en dormance. Il y a moins d’activité donc tu entends d’avantage la nature, j’adore. La plupart de nos vignes sont en hauteur et quand le ciel c’est bien dégagé, tu vois les Pyrénées avec la neige, c’est époustouflant. »
Et pour l’avenir, qu’envisagez-vous pour votre domaine, vos cuvées… quels sont vos objectifs ?
« Nous avons pris trois hectares de plus, ça s’est finalisé à la fin de cet hiver. Les ventes sont bonnes et on manque de vin. »
Avez-vous une référence culturelle favorite concernant le vin ?
« Dans le vin… J’avais beaucoup aimé » Sideways », c’est autour du pinot noir. C’est l’éloge de la finesse et de l’élégance dans le vin. Tout ce film, c’est un contre-pied total à Robert Parker, c’est vachement intéressant. En citation, je sais que Pasteur a dit » Le vin est le breuvage le plus sain et le plus hygiénique qui soit. ». Avec le virus en ce moment, c’est une bonne citation. »
Ce soir, j’ai gratin de pommes de terre & un steak de prévu. Quelle cuvée de votre cru me conseilleriez-vous pour accompagner ce repas ?
« Le gratin dauphinois est un plat riche et crémeux. C’est fou, crème, pomme de terre et gratin, j’aurai presque pris un blanc ! Mais c’est un met de bistrot, et on a une cuvée dans cet esprit. C’est la cuvée de la pierre plantée. Le gratin dauphinois un plat convivial donc j’aurai tendance à choisir un vin qui l’est tout autant. »
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Chers lecteurs, à bientôt pour une prochaine interview !